Fiche expert Gérer les sciaridés par des solutions de biocontrôle
Les mouches sciarides ou mouches des terreaux apparaissent communément sous serre. Prophylaxie et macroorganismes auxiliaires permettent de lutter contre ces insectes diptères.
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En général peu nuisibles sur plantes saines, les sciaridés sont problématiques pour les boutures et les jeunes plants. Les espèces les plus nuisibles appartiennent aux genres Bradysia et Lycoriella.
Biologie et dégâts
Les adultes se reconnaissent facilement par leur couleur gris-noir et leurs longues antennes perlées de quatorze segments. Ils mesurent de 1 à 5 mm. Ils pondent dans les milieux humides à forte teneur en matière organique, là où l'activité microbienne est élevée car les larves se nourrissent de moisissures et de matériel végétal en décomposition. Ils n'ont pas une bonne capacité au vol mais peuvent constituer d'importants foyers dans les serres où les conditions sont optimales au développement des larves. Les oeufs et larves peuvent être dispersés par du terreau de rempotage infesté. Les mouches sciarides sont présentes à l'extérieur seulement les mois d'été. Sous serre, elles peuvent apparaître tout au long de l'année avec des pics de population notables au printemps et en été.
Lors de fortes infestations, les larves engendrent plusieurs types de dégâts, directs ou indirects. Elles rongent les poils racinaires et les parties tendres des plantes (racines, tiges, épiderme foliaire) avec leur appareil buccal de type broyeur. Ces blessures constituent des portes d'entrée pour les agents des maladies fongiques (Fusarium, Botrytis et Verticillium) et peuvent provoquer la sénescence. Les jeunes plants gardés en conditions humides ou gorgés d'eau sont particulièrement sujets à risque. Les adultes peuvent également propager des agents pathogènes provenant de végétaux contaminés.
Un ensemble de solutions naturelles qui a fait ses preuves
Le biocontrôle des sciaridés donne de bons résultats depuis plusieurs années ; il permet de contrôler les différents stades des mouches sciarides. La prophylaxie est importante et l'utilisation de macroorganismes auxiliaires permet une lutte préventive et/ou curative selon les besoins et la situation dans la culture.
Les adultes préférant les milieux humides, il est important de prévenir leur développement dans la serre ; les flaques d'eau permanentes au sol sont par exemple à limiter. La plupart des larves ne survivent pas dans un substrat sec. Il s'agit donc d'éviter les substrats trop humides, lorsque la culture le permet.
Posés au-dessus de la culture dès l'introduction des plants, voire une semaine avant, les panneaux jaunes englués permettent de détecter les premiers ravageurs. Des toiles insect-proof peuvent être installées aux ouvrants pour bloquer les entrées d'adultes, ou bien à l'échelle d'un lot particulier plus sensible ou plus humide, de manière à l'isoler.
Sur les sites où le risque de pression est connu, ou en présence de cultures sensibles, des acariens prédateurs d'oeufs et de larves de mouches sciarides sont introduits dès l'installation des plants, ou dès le semis ou rempotage chez le pépiniériste. Les espèces utilisables (Macrocheles robustulus, Stratiolaelaps scimitus, Gaeolaelaps aculeifer), doivent être apportées en une fois, en préventif, à partir de 12-13 °C. Après s'être multipliés, au bout d'un mois, les acariens prédateurs deviennent visibles plus facilement dans le sol et en surface, ainsi qu'à la base des tiges. Ils se nourrissent principalement des larves de sciarides, mais aussi des stades de thrips en développement au sol, d'acariens, de collemboles et autres petits organismes vivants. Ils font un bon travail de fond.
Lorsque la pression en ravageurs augmente d'après le suivi des populations sur panneaux, et/ou lorsqu'apparaissent des premiers dégâts, augmenter le nombre de panneaux ou ajouter des bandes jaunes engluées permet de faire du piégeage intensif des stades adultes.
Afin d'agir sur les tous les stades larvaires du ravageur, la pulvérisation, au sol ou sur le substrat, de nématodes entomopathogènes, offre un effet choc. L'espèce Steinernema feltiae est utilisée, seule ou avec ajout d'un adjuvant qui facilite le contact entre l'auxiliaire et le ravageur. Les nématodes sont des vers microscopiques qui traquent leur proie. Ils se positionnent dans la couche supérieure du sol jusqu'à ce qu'une larve de mouche sciaride passe à proximité. Ils la pénètrent par les voies naturelles et libèrent dans le corps de l'hôte une bactérie symbiotique ; l'action conjointe des nématodes et des bactéries entraîne la mort du ravageur en 48 heures. Si la pression est forte, traiter deux à trois fois à une semaine d'intervalle, par pulvérisation, aspersion ou via le système d'irrigation, en privilégiant les applications en fin de journée et sur un sol humide à partir de 8 °C.
Par Audrey Vignaud, référent technique cultures sous abris pour la société Koppert (84)
Les mouches sciarides, ravageurs communs, ne doivent pas être sous-estimées dans les milieux humides et riches en humus, sous risque de rencontrer de fortes pullulations qui pénalisent les cultures.Ci-contre : Bradysia paupera adulte. En vignette, les larves. PHOTOS : KOPPERT
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